Tire-allaitement
Matériel, Rythme, Logistique, Ressources
Bonjour Danielle,
Peux-tu te présenter et nous dire ce qui t’a conduite à accompagner des femmes en tire-allaitement ?
Bonjour !
Je suis tombée dedans grâce à l’association « L’Allaitement, tout un art », https://allaitement-toutunart.fr/.
J’ai adoré en apprendre plus sur l’allaitement. Quand mon fils est arrivé prématurément, j’ai du faire une re-lactation après un tire-allaitement raté deux mois plus tard.
Ensuite, j’ai tire-allaité puis allaité.
Et avec tout ce que j’avais vécu et les choses que j’avais apprises, j’aidais déjà de façon bénévole.
Étant Autiste et TDAH, j’apprends vite et beaucoup quand le sujet me passionne.
J’ai donc décidé de me lancer dans l’aventure après une première formation et d’autres plus tard.
En quoi consiste exactement le tire-allaitement ?
Quelles sont ses spécificités ?
Le tire-allaitement, c’est l’allaitement mais avec une machine.
Le bébé est remplacé par un outil qui reproduit le rythme de bébé au sein.
Là où le sein est adapté à bébé, le tire-lait doit être bien adapté à chaque maman et respecter des critères pour être efficace. Sans ces critères on obtient rien.
Taille, forme, type d’intensité, raison d’expression.
Quelles sont les principales raisons pour lesquelles une mère choisit ou se retrouve à pratiquer le tire-allaitement ?
- Bébé en soins intensifs
- Bébé en néonatologie
- Bébé qui n’arrive pas à s’alimenter
- Maman qui fait le choix
- Trouble de la succion (troubles oro-myo-fasciaux)
- Relancer une lactation
- Faire du stock
- Absence
- Reprise du travail
- Confection d’un bijou de lait
- etc.
Comment organiser le tire-allaitement dans son quotidien (rythmes, logistique, conservation…) ?
Il faut trouver le rythme qui nous convient. Doit-on espacer beaucoup entre deux tirages avec de l’expression pour éviter les engorgements? Adapter à ce qui nous correspond.
Préparer ce que j’appelle « sa bulle lactée » pour être dans des conditions les plus optimales pour favoriser l’ocytocine.
Préparer son matériel également, si on peut investir dans un lave vaisselle ou d’autres types d’aides, pour faciliter le post partum.
Noter sur les contenants la date et période de la journée pour bien suivre les règles de conservation.
Quels sont les avantages de cette pratique, et ses contraintes ?
Un avantage pour beaucoup de femmes est de voir son lait couler, il y a comme une espèce de satisfaction à regarder ça.
Ça permet aussi de savoir ce qu’on donne à bébé, c’est important pour certaines mamans.
C’est aussi intéressant aussi pour celles qui ne supportent pas qu’on touche leurs seins, pour partager les tâches avec le reste de la famille, pouvoir s’absenter.
Pour d’autres, ça répond au besoin de ne pas donner du lait infantile ou pour les bébés allergiques.
Les inconvénients sont le nettoyage qui peut être contraignant même s’il y a des astuces, ainsi que le temps passé à tirer et le fait de devoir toujours se balader avec tout un attirail.
Si on est mal accompagnée, il y a le risque des douleurs, la crainte de la baisse de lactation (sans accompagnement ou connaissance du fonctionnement de la lactation).
Enfin, pour certaines mamans, ne pas avoir bébé au sein peut être source de déception ou de tristesse.
Existe-t-il des profils pour lesquels le tire-allaitement est plus adapté que l’allaitement ?
Certaines mamans ayant une pathologie ou un handicap peuvent parfois préférer le tire-allaitement afin d’avoir de l’aide.
Mais au final comme précisé au dessus, beaucoup de mamans peuvent être tentées pour de multiples raisons.
Le matériel (types de tire-lait, contenants, accessoires) a-t-il un impact important sur le vécu des mères ?
Quand on prend la mauvaise taille, au-delà des douleurs que ça peut créer (crevasses, mastites, etc.), on peut penser que ça ne fonctionne pas.
Quand l’allaitement n’a pas fonctionné, on peut penser qu’on a échoué à nourrir notre bébé, que notre corps a failli, c’est triste et c’est la même chose si le tire-lait est mal choisi. On se dégoûte de celui ci.
Le tire-allaitement est parfois vécu comme un entre-deux ou une contrainte. Comment accompagner ces vécus ?
En choisissant un matériel qui leur convient et en parlant. Et si ça va plus loin que la partie technique, on redirige vers des personnes formées pour ce type d’accompagnement.
Dans mon cas, c’est assez rare puisque je travaille sur le confort de ces mamans, on adapte le rythme pour qu’il soit adapté à leur ressources et je propose des formations pour celles que ça intéresse.
Certaines femmes n’arrivent pas à tirer leur lait, ou très difficilement.
Quelles en sont les causes les plus fréquentes, et comment peut-on les aider à surmonter ces blocages ?
C’est souvent dû à des mauvais accompagnements (avec trauma ou non) qui ont mis en échec la maman. La mauvaise taille, la méconnaissance des tétons élastiques, de la mesure en elle-même, du fonctionnement de la lactation, mais aussi dans le cas d’un tire-allaitement non choisi ou presque forcé.
La plupart des mamans peuvent tire-allaiter et les 3/4 reprennent le boulot et donc tire-allaitent partiellement. C’est une pratique tout de même courante.
En revanche, certaines vont persévérer quand il y a un obstacle et d’autres n’en ont pas l’envie ou la force et c’est ok.
En cas de difficultés ou d’échec, il suffit parfois de remettre les critères en marche, de discuter, d’expliquer et c’est bon.
Dans d’autres cas, c’est trop tard la maman n’a plus envie de se battre et c’est ok aussi.
Peux-tu partager un témoignage ou une situation qui illustre la richesse ou la complexité de cette pratique ? (si tu n’as pas d’exemple facile à résumer ici, ne réponds pas à la question, nous l’enlèverons tout simplement, c’est ok, elle n’est pas obligatoire)
J’ai eu une maman en rendez-vous qui tirait son lait dans la douleur depuis 4 mois. Je l’ai reçue et nous avons mesuré correctement son aréole dont la couleur était quasiment identique à son mamelon, je lui ai également appris l’expression manuelle et elle a réussi à laisser sortir un jet.
Ce jour-là, elle a découvert le tirage sans douleur, elle en a pleuré, c’était beau.
Son corps fonctionnait parfaitement alors qu’on lui avait fait croire que non.
Quelles ressources recommandes-tu pour bien démarrer ou pour tenir dans la durée ?
Honnêtement ? Mon guide où un rendez-vous avec ma hotline ou moi-même.
Sinon, établir un rythme qui nous convient et non induit par ce que d’autres pensent qui est bon pour nous.
Choisir un matériel qui nous plaît et qui apporte du confort.
Se renseigner sur la routine d’expression précise et bien-sûr, se faire mesurer correctement (faisable gratuitement sur notre Facebook).
Peux-tu nous expliquer en quelques mots ce que tu as créé et propose aux femmes aujourd’hui ?
J’ai créé une formation pour des professionnel·les qui travaillent ensuite pour notre hotline afin de guider les familles dans leur allaitement ou tire-allaitement.
J’ai aussi créé un guide spécifiquement destiné aux mamans.
Mais j’ai surtout réalisé mon rêve : une boutique qui offre la perspective de tester et voir les différents tire-laits qui existent, la vente d’objets pour faciliter le confort des mamans et la praticité et d’être la guide sur leur utilisation. Un vrai cocon.
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé et pour toutes ces réponses sur la pratique du tire-allaitement.
Cela aidera sûrement nos lectrices à mieux comprendre saisir toutes les dimensions du tire-allaitement et permettra peut-être à certaines d’essayer l’aventure.
A bientôt Danielle !
Merci à vous de m’avoir donné la parole !
Danielle Cailleaux
https://sleepwellfed.odoo.com/