Hypnose & Autohypnose

Je suis sage-femme et docteure en psychologie, acupunctrice et hypnothérapeute.

J’ai une pratique clinique libérale et hospitalière dans un centre expert en endométriose.

J’enseigne l’hypnose médicale et clinique à l’université et suis chercheure associée à l’Université Paris 8.

J’ai développée l’application HypnoCare-Solution, dédiée à l’autohypnose guidée dans les parcours de soin notamment pour préparer l’accouchement ainsi que pour la gestion de la douleur chronique.

Je suis également administratrice du Collège Universitaire de Médecines Intégrative et Complémentaires.

L’hypnose est simplement arrivée dans ma pratique suite à la même remarque rapportée par plusieurs patientes après leur accouchement alors que nous avions fait une préparation en acupuncture :
« Mon corps était bien préparé mais il m’a manqué le mental ».

Ces quelques mots m’ont fait réfléchir sur la façon de compléter cette préparation et d’aller encore plus loin dans la dynamique corps/esprit.

L’hypnose et l’autohypnose sont de véritables alliées tout au long de la grossesse, et ce, à plusieurs niveaux. Elles permettent d’accompagner la future maman aussi bien sur le plan physique qu’émotionnel, grâce à des techniques concrètes pour mieux gérer son stress, ses peurs et les sensations physiques très intenses de l’accouchement.

Il y a d’abord un travail important sur les ressources personnelles de la femme. La grossesse est une période de transformation, parfois accompagnée de doutes ou d’inquiétudes. Grâce à l’hypnose, on peut l’aider à renforcer sa confiance en elle, à mobiliser ses capacités naturelles de gestion de l’anxiété, du stress et de la douleur, et à se sentir plus sereine face aux différentes étapes de la maternité.

Entre les examens médicaux, les questionnements sur l’accouchement et l’arrivée du bébé, beaucoup de femmes ressentent une charge mentale importante. L’hypnose leur offre un véritable espace de calme intérieur, une bulle de détente où elles peuvent relâcher ces tensions et apprendre à mieux gérer leurs émotions.

Un cas particulier qui revient souvent, c’est celui des phobies. Certaines femmes ont une peur intense des piqûres, du sang, des hôpitaux, ou encore de l’accouchement lui-même. Avec l’hypnose, on peut travailler sur ces peurs, les désensibiliser progressivement et les transformer en quelque chose de plus apaisé. Cela permet à ces femmes d’aborder la naissance avec plus de sérénité et de confiance.

Bien sûr, l’hypnose est aussi un excellent outil pour la préparation à la naissance. Elle aide à se projeter dans l’accouchement, à l’imaginer de façon positive. L’idée, c’est que la future maman puisse devenir actrice de son accouchement, qu’elle se sente en confiance et capable de gérer les sensations tant physiques qu’émotionnelles.

Pour celles qui doivent avoir une césarienne programmée, l’hypnose joue aussi un rôle clé. Beaucoup de femmes vivent cette annonce comme une déception ou une source d’angoisse. On peut alors les aider à mieux accepter cette intervention, à la voir comme une naissance à part entière, et surtout à réduire le stress préopératoire. L’état de relaxation qu’on induit avec l’hypnose permet même d’améliorer la récupération après l’opération.

L’hypnose est aussi très utile lors de la pose de la péridurale. Pour certaines femmes, c’est une étape particulièrement angoissante, notamment celles qui ont peur des aiguilles ou qui craignent de perdre le contrôle. Là encore, l’hypnose permet de détourner l’attention, d’apporter une sensation de détente et parfois même de modifier la perception d’inconfort liée au geste médical.

Quant à la douleur, elle est évidemment au cœur des préoccupations des futures mamans. Ce qui est fascinant avec l’hypnose, c’est qu’on peut réellement modifier la perception de la douleur, l’atténuer, voire la transformer. En détournant l’attention, en changeant la manière dont le cerveau interprète les sensations, on peut réduire significativement l’inconfort des contractions.

Cela dépend ce qui motive la demande.
Je dirais dès que le besoin s’en fait sentir pour réguler des problématiques émotionnelles comme de l’anxiété, un antécédent d’accouchement traumatique qui vient trop envahir la grossesse en cours par exemple.

Pour la préparation à l’accouchement je vois les patientes en général pendant le second trimestre afin de bien comprendre leurs attentes et leurs besoins et nous planifions la première séance d’hypnose autour de 33 semaines d’aménorrhées.

Grossesse et accouchement entretiennent des liens spécifiques avec les états de consciences modifiés.

Une étude (Alexander et al., 2009) a montré que les femmes étaient plus hypnosables au 3ème trimestre de la grossesse qu’en dehors de celle-ci tandis qu’une autre recherche (Bryant et al., 2012) prouve que l’administration d’ocytocine, qui améliore le lien social chez l’humain, augmente la réponse hypnotique or nous savons que les sécrétions d’ocytocine augmentent substantiellement pendant la grossesse et qu’elle est notamment présente dans le plasma maternel en fin de grossesse.

Ces phénomènes d’état modifié de conscience étaient de tout temps observés par les sages-femmes avant la quasi généralisation de l’analgésie péridurale.
D’ailleurs, dans une étude de 2014 (Dixon et al.), les femmes les décrivent en racontant être entrées dans une « zone » d’intemporalité et d’absence d’espace pendant leur accouchement, un moment où elles perdaient le contrôle. Le monde extérieur était exclu. Elles expriment avoir été surprises par l’efficacité avec laquelle leur corps a travaillé et les a accompagnées pendant le travail.

Ces témoignages soulignent encore une fois ces phénomènes dissociatifs propres à la grossesse et l’accouchement et l’intérêt de développer cette capacité notamment grâce à des techniques d’hypnose médicale et clinique.

L’autohypnose peut être pratiquée régulièrement voire quotidiennement lors du dernier trimestre de la grossesse pour mieux gérer le stress et l’anxiété associés.

Comme la douleur est le fruit d’une interaction entre une sensation physique intense, l’anticipation anxieuse et la peur, travailler sur ces aspects en amont permet d’atténuer leur impact.
Plus une femme est stressée, plus elle a peur, et plus elle risque de ressentir la douleur intensément.

Grâce à l’autohypnose, elle peut apprendre à moduler cette perception en favorisant un état de détente et de confiance en elle.

L’accouchement est un moment intense, à la fois physiquement et émotionnellement. Il est tout à fait naturel que le stress et l’anxiété soient présents, que ce soit par peur de l’inconnu, par crainte de ne pas être à la hauteur ou encore à cause de l’environnement médical.

Certaines femmes peuvent aussi voir ressurgir des émotions anciennes, notamment si elles ont vécu des expériences difficiles liées à des antécédents médicaux, gynécologiques ou obstétricaux.

L’hypnose et l’autohypnose sont des outils précieux pour interrompre cette boucle négative où douleur, anxiété et stress s’autoalimentent. L’autohypnose, lorsqu’elle est pratiquée régulièrement pendant la grossesse, devient un véritable levier pour apprendre à gérer le stress.

On sait que la douleur n’est pas uniquement une sensation physique : elle est influencée par l’anticipation anxieuse et la peur. Plus une femme est stressée, plus elle risque de percevoir la douleur intensément.
De plus, lorsqu’une femme est stressée pendant le travail, son corps sécrète de l’adrénaline qui va plutôt ralentir le travail en inhibant la sécrétion d’ocytocine – l’hormone qui favorise les contractions –perturbant la dilatation autant que les phénomènes d’autorégulation de la douleur.
Résultat : le travail peut stagner, la douleur devenir plus difficile à gérer, et l’accouchement être davantage médicalisé avec une péridurale posée plus tôt et l’administration d’ocytocine de synthèse pour relancer les contractions.

L’hypnose et l’autohypnose permettent d’agir sur plusieurs niveaux pour éviter cet engrenage. Elles modulent la perception de la douleur, aident à créer un état de relaxation profonde et facilitent ainsi la production des hormones bénéfiques, comme les endorphine et l’ocytocine.
De nombreuses femmes qui pratiquent l’autohypnose décrivent une sensation d’être dans une bulle, un état de concentration profonde qui leur permet de mieux vivre chaque contraction au lieu de la subir.

Certaines techniques hypnotiques aident aussi à déplacer la sensation douloureuse, à la diminuer, voire à la remplacer par une sensation plus confortable. L’idée, ce n’est pas de faire disparaître complètement la douleur, mais plutôt de la transformer, de lui donner un autre sens, de la rendre plus acceptable.

Et puis au-delà de la gestion de la douleur, l’hypnose permet surtout aux femmes de rester actrices de leur accouchement. Elle leur donne des outils pour mieux vivre ce moment, en confiance, avec plus de sérénité et de maîtrise sur leur propre corps.
Et ça, c’est essentiel pour un accouchement plus harmonieux, avec moins de stress et souvent, un meilleur vécu postnatal.

L’induction hypnotique repose sur plusieurs approches, que nous adaptons en fonction de chaque femme et de ses besoins spécifiques.

Par exemple, certaines femmes réagissent très bien à des suggestions basées sur des visualisations apaisantes, comme s’imaginer dans un lieu sécurisant, tandis que d’autres préfèrent des techniques plus corporelles, centrées sur la respiration ou les sensations de chaleur et de détente.

Il est important d’également adapter les approches en fonction du contexte : pour une femme en travail, l’induction sera plus courte et plus dynamique que dans une préparation en amont de l’accouchement.
L’important est de personnaliser l’accompagnement pour que chaque femme puisse trouver les outils qui lui conviennent le mieux.

Pour les professionnel.les qui souhaitent approfondir ces aspects, je recommande l’aide-mémoire Hypnose en Gynécologie et Obstétrique publié en 2020 chez Dunod, qui détaille ces techniques et leur application dans le suivi de la grossesse et de l’accouchement.

Oui j’en ai beaucoup!
Pour le sujet de ma thèse, nous avons fait une étude qualitative c’est à dire que nous nous sommes particulièrement intéressé au vécu des femmes s’étant préparé à l’accouchement avec l’hypnose.

L’hypnose permet aux femmes d’aborder l’accouchement avec une tout autre perspective. Souvent, l’anxiété autour de l’accouchement vient de la peur de l’inconnu, de la douleur ou du manque de contrôle. Grâce à la préparation par l’hypnose et l’autohypnose, les femmes développent une relation différente avec leur corps et leur accouchement. Elles ne redoutent plus l’arrivée des contractions, mais les accueillent comme un processus naturel qu’elles savent accompagner.

Un des effets les plus marquants est cette sensation de sécurité et de confiance. L’état hypnotique permet de créer une véritable ‘bulle’ dans laquelle la femme se sent protégée, souvent en lien avec son partenaire ou l’équipe soignante.
Cette sécurité intérieure joue un rôle clé dans la gestion du stress et de la douleur, et contribue à une expérience d’accouchement plus sereine.

Un autre point important est la manière dont l’hypnose modifie la perception de la douleur. Certaines femmes choisissent de ne pas surdoser leur péridurale afin de rester pleinement conscientes des sensations et du déroulement de la naissance. Elles peuvent ainsi vivre l’accouchement de manière plus active, en étant connectées à chaque étape, jusqu’au moment où l’on leur propose parfois de toucher la tête du bébé lors de la sortie.

Et au-delà du moment de l’accouchement, il y a un effet prolongé sur le stress. On constate que les femmes qui ont pratiqué l’hypnose restent plus apaisées après la naissance, ce qui peut aussi avoir un impact positif sur le lien avec leur bébé et leur récupération post-partum.

Bien sûr, on pourrait penser que c’est l’expérience d’un premier accouchement qui réduit l’anxiété du suivant, mais ce n’est pas toujours le cas. Même après une première naissance difficile, l’hypnose permet de modifier profondément la manière d’aborder un second accouchement, en régulant les peurs et en transformant le vécu.

Ce qui ressort de ces expériences, c’est que l’hypnose apporte non seulement une meilleure gestion de la douleur, mais surtout un sentiment de maîtrise et d’accompagnement bienveillant, qui change radicalement la perception de l’accouchement.

De contacter une sage-femme formée à l’hypnose c’est à dire titulaire d’un diplôme reconnu et d’échanger avec elle afin d’identifier ses attentes et objectifs.

On ne pratique pas l’hypnose sans objectif.

Cela peut être réguler son anxiété, se préparer à l’accouchement, se préparer à gérer les sensations très intenses de l’accouchement, une douleur pendant la grossesse…
D’autre part il faut savoir que pour être efficace, l’hypnose et l’autohypnose demande un engagement de la patiente et une pratique régulière surtout pour préparer un accouchement.

Au-delà du non désir de la femme, la seule contre-indication est la pratique avec une personne n’exerçant pas dans son champs de compétence, c’est à dire que dans le champ de la santé, toute pratique en hypnose doit être accompagnée par un professionnel de santé : médecin, infirmière, sage-femme, psychologue.

Dans le cadre de la grossesse, la sage-femme a les connaissances médicales et psychologiques indispensables pour accompagner au mieux la grossesse et l’accouchement.

Merci à vous pour cet échange !

HypnoCare-Solution est la première application d’autohypnose dédiée à la santé sexuelle des femmes, offrant un accompagnement structuré et sécurisé.
Labellisée par la Chaire UNESCO Santé sexuelle & Droits humains, elle permet aux professionnels de santé d’intégrer l’hypnose dans leur pratique pour améliorer le bien-être de leurs patientes.